*English version below*
Bonjour à tous et à toutes !
Nous revoilà après deux mois passés en Turquie. Ce changement de rythme nous a fait beaucoup de bien, et on a pu expérimenter avec beaucoup d'excitation de nouveaux aspects du voyage : volontariats et voyages en solitaire.
Après cette parenthèse nécessaire, on s’est retrouvés tous les quatre à Téhéran, en Iran ! Nous avons traversé toute la Turquie en bus (plus de 40h depuis Istanbul !) avec nos vélos en soute.
Nous avons repris le vélo le 23 mars après quelques jours à visiter la capitale. Nous roulerons en Iran pendant un mois minimum et espérons pouvoir prolonger notre séjour. Ce sera notre dernière destination à l’est avant d'entamer notre retour vers la France.
Si nous écrivons cet article aujourd'hui, c'est premièrement pour vous tenir au courant de la suite de notre périple mais c'est aussi car au sein de nos proches, de nos amis, ou de nos rencontres en général, les avis sur l'Iran divergent.
Pour faire simple, il y a d'une part les retours des voyageurs qui ont déjà voyagé dans ce pays et dont les retours sont intégralement positifs. On nous en vante l'histoire, les paysages, l'hospitalité, la culture…
Et d'autres parts, des avis "négatifs" provenant aussi intégralement des personnes qui n'ont jamais eu l'occasion de visiter eux mêmes le pays.
Alors comment faire la part des choses ? La situation n’est pas “noire ou blanche” et nous voulons
essayer de ne pas prendre parti plutôt qu'un autre. On vous partage simplement la réflexion que nous avons eu.
Quels sont les risques ?
Le risque d’attentat n’est pas à négliger, surtout dans la région du Baloutchistan. Fin 2020, des affrontements dans le Haut-Karabagh ont eu lieu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et ont conduit l’Iran à renforcer sa présence militaire. Le 13 mars 2022, le consulat américain de la ville d’Erbil, au Kurdistan irakien, a été frappé par une attaque de roquette.
La police et l’armée y sont très présents dans le pays et les enjeux d’espionnage sont très importants. Nous avons évidemment entendu parler du cas de Benjamin Brière, actuellement incarcéré pour 8 ans après avoir fait voler un drone dans le pays. Nous sommes conscients que le gouvernement français nous déconseille de nous y rendre.
Voilà la carte que le ministère des affaires étrangères présente :
En plus des risques sécuritaires, de grandes différences culturelles persistent entre nos pays : l’Iran est un état islamique autoritaire où les libertés individuelles sont moindres par rapport à celle que nous pouvons connaitre. Les femmes doivent être voilées, les hommes ne peuvent pas porter de shorts, l’alcool et les drogues sont fortement pénalisés et les sanctions économiques/politiques occidentales rendent certaines démarches plus compliquées (cartes bancaires/SIM européennes qui ne fonctionnent pas, visa nécessaire, difficultés à transférer de l’argent…)
Comment les minimiser ?
La situation étant complexe, nous avons pris toutes les dispositions nécessaires pour que notre séjour se passe au mieux. Depuis le changement d’itinéraire en décembre, nous restons informés sur la situation politique dans le pays et avons établis notre itinéraire en fonction des zones militarisées.
C’est pourquoi nous avons pris le bus jusqu’à Téhéran en évitant la région kurde. Nous allons désormais vers le sud, jusqu’à Bandar-Abbas. Nous n’iront pas plus à l’Est, dans la région baloutchi. (itinéraire provisoire, fin mars)
Comme vous le savez peut-être, nous voyageons avec un drone. Nous ne voulons prendre aucun risque donc nous avons préféré le laisser en Turquie et le reprendrons au retour. (On vous explique bientôt les conditions dans lesquelles on l’a laissé!)
Aussi, nous nous sommes enregistrés sur la plateforme pour les français expatriés : Ariane. C’est une assurance pour l’état français de connaître notre situation actuelle et pour nous, d’être alertés rapidement en cas de problème majeur.
Ensuite, nous avons fait nos démarches de demande de visa auprès de l’agence de voyage perse TapPersia. Elle nous a assuré que nous ne prenions aucun risque majeur à voyager dans ce pays. Elle nous accompagne depuis plusieurs semaines pour que notre séjour se fasse dans les règles. Nous avons eu nos visas sans problème grâce à eux.
De plus, nous avons de nombreux contacts sur place. Au fil de nos rencontres, en Turquie principalement, nous avons rencontré de nombreux.ses iranien.ne.s avec qui nous avons gardé contact. Au-delà de leur soutien et de leur encouragement à venir dans leur pays, ils nous ont assurés de pouvoir nous aider une fois entrés. C’est d’ailleurs grâce à l’un d’entre eux que nous avons pu obtenir nos cartes bancaires et cartes SIM iraniennes.
Surtout, nous respectons les règles et restons discrets. Nous évitons de parler de religion ou de politique.
Le but de notre voyage
Si nous avons pris la décision de venir dans ce pays, ce n’est évidemment pas pour se mettre en danger sans raison mais parce que nous sommes convaincus que ce pays représente la concrétisation de notre projet. L’étape ultime de l’aventure et le summum du dépaysement.
Nous avons adoré les 4 mois que nous avons passé en Europe, mais nous avons préféré nos dernières semaines en Turquie. En quittant l’Europe, on a quitté notre zone de confort et on a découvert des cultures et des modes de vie très différents du nôtre. C’est la raison pour laquelle nous voyageons et il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin.
Si nous avons pris cette décision, c’est aussi pour aller au bout de notre démarche. Depuis le début du voyage, nous essayons de questionner le plus possible les gens que l’on rencontre pour avoir un aperçu du pays depuis l’intérieur. Mais nous nous efforçons de ne pas avoir d’aprioris et de ne pas tirer de conclusions trop hâtives. Cela nous permet d’interagir de manière plus naturelle avec les locaux et de se défaire des clichés parfois péjoratifs.
Déconstruire nos idées reçues
Ce que nous cherchons à montrer avec cette expérience, c’est que les clichés façonnent notre imaginaire et nous effraient souvent à tort.
Prenons un exemple clair : l’Albanie.
Si nous avions eu connaissance de la situation avant de la découvrir par nous mêmes, nous aurions été plus méfiants envers ce pays “sous-développé”. Or, nous sommes restés naturels et avons rencontré de magnifiques personnes ! Des personnes authentiques dans un pays authentique. Rien à voir avec la politique du pays ou bien son économie. Le gouvernement d’un pays ne peut pas représenter la diversité des ses habitants. Et c’est le cas partout.
Nous ne représentons pas la France dans son entièreté, les gens que nous avons rencontré ne sont pas tous à l'image de leur pays et l’Iran ne fait pas exception. Nous rencontrerons des gens qui nous veulent du bien et peut-être d’autres qui nous voudrons du mal. Mais ça aussi, c’est le cas partout.
Plus généralement
Nous aimerions insister sur l'importance de prendre du recul sur les avis extérieurs. D'une part car selon nous, il est essentiel de se forger sa propre opinion. D'autre part car le point de vue d'un individu peut tout à fait provenir d'une autre source que de sa propre expérience ; auquel cas il faut s'interroger sur l'origine de l'information.
Dans un contexte où l'immense majorité des médias est politisée et que plus de 80% de la presse française est détenue par 11 milliardaires (1), on comprend vite que le choix des informations, mais aussi l'importance qu'on leur donnent est loin d'être faite de façon neutre et objective. L'absence de nuances dans la parole publique a conduit à ce que tout le monde soit "pour" ou "contre", quel que soit le sujet mis sur la table.
Ce sont ces raisons, ainsi que les retours de camarades qui ont déjà voyagé/vécu en Iran, qui nous poussent à dépasser les remarques du type "c'est dangereux, n'y allez pas" très rarement accompagnées d'exemples à l'appui.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de danger, mais simplement que l'opinion partagée par une grande partie de notre entourage n'est pas toujours fondée sur des informations sourcées/vérifiées .
Et après ?
Pour une fois, nous voulons essayer de prendre de la distance avec cela et ouvrir les yeux sur ce qui nous intéresse vraiment : la beauté d’un pays et de ses habitants. C’est la raison pour laquelle nous sommes partis. Nous voulons rester positifs, garder l’énergie et l’espoir qui nous ont permis de nous lancer dans ce projet.
D'ailleurs, nous avons rencontré Habib, un iranien qui a décidé de faire une série de podcast en français pour présenter la beauté de son pays et la richesse de son histoire. Il est adorable et a appris le français seul avec son téléphone !
Son podcast "Chez les perses" est disponible sur toutes les plateformes et de nouveaux épisodes devraient bientôt être publiés : https://anchor.fm/habib-boroumandi
L’Iran est un pays presque 3 fois plus grand que la France (respectivement 1 650 000 km2 et 640 000 km2), abritant à la fois des jungles au nord, des déserts au sud, d’immenses montagnes, de magnifiques îles, de très grandes villes et des petits villages. C’est un des plus anciens berceaux de l’humanité et est aujourd’hui un acteur majeur au sein du Moyen Orient. Beaucoup de choses seraient encore à dire sur ce pays mais nous préférons attendre de les découvrir par nous mêmes !
Merci à celles et ceux qui nous soutiennent dans cette démarche mais merci également à celles et ceux qui s’inquiètent… on a besoin des deux !
On revient très bientôt pour vous donner de nos (bonnes) nouvelles !
Elliot et Emilien
(1) : https://www.liberation.fr/checknews/est-il-vrai-que-90-des-grands-medias-appartiennent-a-neuf-milliardaires-20220227_7J3H2INMD5GOPBN7YJ77C33KRY/
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English version
Hello to all of you!
We are back after two months in Turkey. This change of pace did us a lot of good, and we could experiment with a lot of excitement new aspects of the trip: volunteering and travelling alone.
After this necessary interlude, the four of us found ourselves in Tehran, Iran! We crossed all Turkey by bus (more than 40 hours from Istanbul!) with the bikes in the hold.
We took the bike back on March 23 after a few days of visiting the capital. We will ride in Iran for at least a month and hope to extend our stay. This will be our last destination in the east before we start our return to France.
If we write this article today, it's first to keep you informed about the continuation of our trip but it's also because among our relatives, our friends, or our encounters in general, the opinions on Iran diverge.
To make it simple, there are on the one hand the returns of the travelers who already travelled in this country and whose returns are completely positive. They praise the history, the landscapes, the hospitality, the culture...
And on the other hand, "negative" opinions also coming entirely from people who never had the opportunity to visit the country themselves.
So how to make the difference? The situation is not black or white and we want to try not to take one side rather than another. We simply share with you the reflection we had.
What are the risks?
The risk of attack is not to be neglected, especially in the Balochistan region. At the end of 2020, clashes in Nagorno-Karabakh took place between Armenia and Azerbaijan and led Iran to strengthen its military presence. On March 13, 2022, the U.S. consulate in the Iraqi Kurdistan city of Erbil was hit by a rocket attack.
There is a strong police and military presence in the country and the espionage stakes are very high. We have obviously heard about the case of Benjamin Brière, currently incarcerated for flying a drone in the country. We are aware that the French government advises us against going there.
Here is the map that the Ministry of Foreign Affairs presents:
In addition to the security risks, there are major cultural differences between our countries: Iran is an authoritarian Islamic state where individual freedoms are less than what we know. Women must be veiled, men cannot wear shorts, alcohol and drugs are strongly penalized and the western economic/political sanctions make some steps more complicated (European bank cards/SIM do not work, visa required, difficulty to transfer money...)
How to minimize them?
The situation being complex, we have taken all the necessary steps to make our stay as smooth as possible. Since the change of itinerary in December, we stay informed about the political situation in the country and have established our itinerary according to the militarized areas.
That's why we took the bus to Tehran avoiding the Kurdish region. We are now going south, to Bandar-Abbas. We will not go further east, into the Baluchi region. (tentative itinerary, end of March)
As you may know, we travel with a drone. We don't want to take any risk so we prefer to leave it in Turkey and will take it back on our return. (We will explain soon the conditions in which we left it!)
Also, we registered on the platform for French expatriates: Ariane. It is an insurance for the French state to know our current situation and to be alerted in case of major problem.
Then, we applied for our visa with the Persian company TapPersia. They assured us that we are not taking any major risk to travel in this country. They have been accompanying us for several weeks to make sure that our stay is done in the right way. We got our visas without any problem thanks to them.
Moreover, we have many contacts on the spot. During our meetings, mainly in Turkey, we met many Iranian people with whom we kept contact. Beyond their support and their encouragement to come to their country, they assured us that they would be able to help us once we entered. It is thanks to one of them that we were able to get our Iranian bank cards and SIM cards.
Above all, we respect the rules and remain discreet. We avoid talking about religion or politics.
The purpose of our trip
If we decided to come to this country, it is obviously not to put ourselves in danger for no reason but because we are convinced that this country represents the concretization of our project. The ultimate stage of the adventure and the ultimate change of scenery.
We loved the 4 months we spent in Europe, but we preferred our last weeks in Turkey. By leaving Europe, we left our comfort zone and we discovered cultures and ways of life very different from ours. This is the reason why we travel and it would be a pity to stop in such a good way.
If we took this decision, it is also to go to the end of our approach. Since the beginning of the trip, we try to question as much as possible the people we meet to have an insight of the country from the inside. But we try not to have any preconceived ideas and not to draw too hasty lessons. This allows us to interact in a more natural way with the locals and to get rid of the sometimes pejorative clichés.
Deconstructing our preconceived ideas
What we want to show with this experiment is that clichés shape our imagination and often scare us wrongly.
Let's take a clear example: Albania.
We knew almost nothing about the country before we went there. And we discovered that this state, the second poorest in Europe, was riddled with corruption and gang wars. That the economy was unstable and that working conditions were often very harsh. That religion and tradition imposed a domination of men over women. Seen from the outside, it is not a country that makes you dream.
If we had known the situation before discovering it by ourselves, we would surely have been more suspicious of this "underdeveloped" country. However, we remained natural and met wonderful people! Authentic people in an authentic country. Nothing to do with the politics of the country or its economy. The government of a country cannot represent the diversity of its inhabitants. And this is the case everywhere.
We do not represent France in its entirety, the people we have met are not all in the image of their country and Iran is no exception. We will meet people who want us well and perhaps others who want us badly. But this is also the case everywhere.
More generally
We would like to insist on the importance of taking a step back from external opinions. On the one hand, because we believe that it is essential to form one's own opinion. On the other hand, because an individual's point of view may well come from a source other than his or her own experience, in which case we must question the origin of the information.
In a context where the vast majority of the media are politicized and where more than 80% of the French press is owned by 11 billionaires (1), one quickly understands that the choice of information, but also the importance given to it, is far from being made in a neutral and objective way. The lack of nuance in public discourse has led to everyone being "for" or "against", whatever the subject put on the table.
It is for these reasons, as well as the feedback from comrades who have already traveled/ lived in Iran, that we need to go beyond the "it's dangerous, don't go" remarks very rarely accompanied by supporting examples.
This does not mean that there is no danger, but simply that the opinion shared by a large part of our entourage is not always founded by real information.
What next?
For once, we want to try to distance ourselves from this and open our eyes to what really interests us: the beauty of a country and its people. This is the reason why we left. We want to stay positive, to keep the energy and the hope that allowed us to start this project.
Moreover, we met Habib, an Iranian who decided to make a series of podcast in French to present the beauty of his country and the richness of its history. He is adorable and learned French alone with his phone !
His podcast "Chez les perses" is available on all platforms and new episodes should be published soon: https://anchor.fm/habib-boroumandi
Iran is a country almost 3 times bigger than France (respectively 1 650 000 km2 and 640 000 km2), with jungles in the north, deserts in the south, huge mountains, beautiful islands, very big cities and small villages. It is one of the oldest cradles of humanity and is today a major country of the Middle East. Many things could still be said about this country but we prefer to wait to discover them by ourselves!
Thank you to those who support us in this process but also thank you to those who are worried... we need both!
We'll be back very soon to give you our (good) news!
Elliot and Emilien
Translated with www.DeepL.com/Translator (free version)
(1) : https://www.liberation.fr/checknews/est-il-vrai-que-90-des-grands-medias-appartiennent-a-neuf-milliardaires-20220227_7J3H2INMD5GOPBN7YJ77C33KRY/
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